Le dessin satirique pour être une réussite doit être perçu comme un choc, un coup de poing. On rit, puis on rit de notre rire et on n'est pas très bien d'avoir ri , disait je crois un dessinateur de Charlie. C'est un art difficile et dangereux. Mais delà à provoquer la mort ! C'est de l'ordre de l'impensable ! C'est Rabelais que l'on assassine.
L'humour se déploie dans les dictatures. J'ai appris dans la manifestation d'hier de la part d'une marocaine que sous Hassan II, Hara kiri était passé sous le manteau.
C'était dépasser un interdit de lire cela !
Dans une démocratie, on n'avait pas oublié l'humour qui joue souvent également avec nos peurs mais on n'avait oublié que c'était dangereux. On oublie beaucoup en démocratie !
Dans la peinture on joue avec avec la provocation. Il y a encore des interdits. On croyait que le dernier interdit c'était l'argent et le must faire de l'argent avec la critique de l'argent, mais non il y a pire !
Avec cette toile, 11 septembre réalisé un an après l'effondrement des tours. J'avais tenté de traduire non pas l'émotion, la matière des médias, mais les traces dans mon imaginaire, la chute d'un monde qui est plus fragile qu'il ne croit pour toucher avec des couleurs qui me sont étrangères et des verticales.
C'est pour moi également une étrange référence aux encres tragiques de Victor Hugo mais avec des raclures de peinture à l'huile. Il reste tout à faire !