C’est après une exposition que j’avais réalisé au dessus, il y 2 ans que Bruno Hayet et Philippe Lang m’ont demandé de peindre une " résurrection ", avec pour seule contrainte la taille : un " 2 mètres sur 2 ".
Il sont fous ces curés !
J’ai appris récemment par des paroissiens que l’EAP avait déjà évoqué cette idée il y a près de 10 ans, de mettre une œuvre dans la crypte. La rendre plus chaleureuse..
Il sont fous ces paroissiens !
Le catéchumène est bousculé par l’église et par la paroisse. C’est très loin de ma représentation de ces institutions.
Cela me fait penser à cette question que l’on m’a posée plusieurs fois : que devient l’élan d’un adulte converti face à l’église ?
A cette question, cette installation est une réponse personnelle, mais qui je l’espère touche à quelque chose de plus large.
J’ai accepté mais avec la peur aux entrailles. Cela a été un chemin dessiné à plusieurs.
Un vrai travail d’équipe et non pas seulement l’œuvre d’un peintre pour répondre a votre attente : ouvrir des perspectives derrière l’autel !
Aujourd’hui, j’ai gardé l’angoisse du début même si le tableau est terminé.
- Que faire passer à la communauté…. ?
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Je ne suis pas très clair sur ma foi dans la résurrection. Ils auraient pu trouver un autre sujet.
C’est peut-être un défi.
J’ai cherché du sens dans le processus de résurrection plus que dans l’événement, dans ce moment fondamental de l’histoire de l’humanité.
J’ai été étonné de trouver peu de modèles, l’histoire de l’art est chiche sur ce thème. Il y a des images de l’après, de l’avant mais pas le processus. C’est pourtant cela que j’ai cherché à montrer.
C’est peut être pour cela qu’ils ont choisi un peintre abstrait.
J’ai essayé de traiter le changement de la matière, en lumière. Et la lumière en une musique, céleste. C’est quelques notes de partitions qui parsèment cette toile, ce sont des vibrations qui tentent de toucher cette alchimie.
La résurrection ou le retour à l’harmonie initiale. Tel a été mon propos et celui qui fonde ma foi. Cette harmonie dont on peut retrouver les traces dans l’amour, dans un paysage,…
- Mais la résurrection parle de la mort.
Je n’ai pas traité la mort sous la forme de la souffrance, ni du manque de l’autre.
J’ai tenté d’évoquer la violence dans le processus de mort avec ce rouge sang fait d’une couleur vitrail, froide et vivifiante confronté au jaune de la vie.
Mais également dans la résurrection avec des arrachements de papiers, la dislocation de la grotte provoquée par la transformation de la matière en lumière.
Dieu en prenant forme humaine, parle de la difficulté de l’homme de sortir de la pire des morts, le mal, la haine de l’autre et de soi.
La résurrection chez les orthodoxes parle de cela, montre cela dans des icônes. Cela m’a servi de référence.
C’est de cela aussi que je crois. Le mal absolu. Il se cache dans moi et dans les autres et se montre au fond de cette grotte avec des extraits de journaux sur Hitler, sur la seconde guerre mondiale, sur l’extermination des juifs.
J’ai tenté de relever ce défi techniquement.
Cette toile est construite avec des multitudes de détails qui peuvent se voire de près et un style " lyrique " qui peut vous émouvoir.
J’ai joué sur des taches, des coulures et des éclaboussures pour donner un peu de moi, mon lien avec Dieu : de la naïveté, de l’élan, une générosité du geste premier de l’enfant.
En tout cas je l’espère ce tableau doit permettre, de sortir de nos grottes, de produire comme pour sa création du lien, de l’espoir et le plaisir. Elle devrait faciliter à être ensemble dans cette crypte pour un moment toujours unique qu’est une célébration.